Nous sommes cruels, de Camille de Peretti
Résumé:
"Julien et Camille sont faits pour s'entendre. Fascinés par la littérature du XVIIIe siècle, élèves brillants, orgueilleux, cyniques et prétentieux, ils ont tous deux la conviction de s'être trompés d'époque… Et surtout une dévorante envie de s'amuser et d'affirmer leur toute-puissance. Alors quoi de plus idéal pour combler leurs aspirations que de se prendre pour le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil ? Quelques règles, de nombreuses « proies » à séduire, un maximum de « trophées »… Les voilà «partenaires de crime», maîtres d'un jeu cruel dont ils tirent les ficelles en redoutables manipulateurs. Marie, Stanislas, William, Émilie, Hadrien, Diane… autant de victimes de leur association diabolique.
Mais quand les deux adolescents se laissent rattraper par leurs modèles, les nouveaux enjeux les dépassent. Piqués dans leur amour-propre, ils sont incapables de mettre le terme qui s'impose à leur entreprise. Le jeu s'annonce de plus en plus périlleux ; et risque bien de les mener à ce qu'ils redoutent par-dessus tout : devenir des adultes. "
Mais quand les deux adolescents se laissent rattraper par leurs modèles, les nouveaux enjeux les dépassent. Piqués dans leur amour-propre, ils sont incapables de mettre le terme qui s'impose à leur entreprise. Le jeu s'annonce de plus en plus périlleux ; et risque bien de les mener à ce qu'ils redoutent par-dessus tout : devenir des adultes. "
Mon avis:
Voilà une totale découverte !! Un roman épistolaire contemporain très interessant, dans le genre des Liaisons dangereuses de Laclos (qui lui m'attend sagement dans ma bibliothèque, car non je n'ai pas encore eu l'occasion de le lire ! quelle honte! lol).
Julien et Camille sont cyniques, blessants, perfides, ils jouent avec l'amour des autres, et on sait que ce qu'ils font est d'une grande cruauté, mais on ne se lasse pas de cette écriture, et on veut toujours en savoir plus, en lire plus. Quel plaisir de "s'infiltrer" dans cette correspondance, on a l'impression d'espionner tout le monde, on sait ce qu'ils écrivent tous, et au bout du compte, on sait ce que tous ressentent. On voit Camille et Julien dans leur grande puissance, mais on apprend vite leurs faiblesses, car oui ils sont cruels, mais ils ressentent aussi.
Camille de Peretti écrit superbement, elle a décidemment un style bien à elle, et quel génie d'écrire un roman épistolaire incluant ce qui appartient à notre quotidien: lettres, mais aussi e-mails , petits mots dans les casiers et sms ! De plus, il semblerait qu'elle se soit inspirée de sa vie, plus jeune elle aurait trouvé un partenaire de jeu et se serait "amusée" aux liaisons dangereuses (cependant elle n'aurait pas brûlé ses ailes comme dans le roman).
Julien et Camille sont cyniques, blessants, perfides, ils jouent avec l'amour des autres, et on sait que ce qu'ils font est d'une grande cruauté, mais on ne se lasse pas de cette écriture, et on veut toujours en savoir plus, en lire plus. Quel plaisir de "s'infiltrer" dans cette correspondance, on a l'impression d'espionner tout le monde, on sait ce qu'ils écrivent tous, et au bout du compte, on sait ce que tous ressentent. On voit Camille et Julien dans leur grande puissance, mais on apprend vite leurs faiblesses, car oui ils sont cruels, mais ils ressentent aussi.
Camille de Peretti écrit superbement, elle a décidemment un style bien à elle, et quel génie d'écrire un roman épistolaire incluant ce qui appartient à notre quotidien: lettres, mais aussi e-mails , petits mots dans les casiers et sms ! De plus, il semblerait qu'elle se soit inspirée de sa vie, plus jeune elle aurait trouvé un partenaire de jeu et se serait "amusée" aux liaisons dangereuses (cependant elle n'aurait pas brûlé ses ailes comme dans le roman).
Mais qui est donc Camille ?
Camille de Peretti est née à Paris où elle a effectué toute sa scolarité dans une école internationale du 15ème arrondissement. Après une hypokhâgne et une khâgne, elle intègre l’ESSEC. Pour payer ses études, elle est apprentie analyste financière dans une banque puis donne des cours de cuisine française à la télévision japonaise. Ne se découvrant pas de passion véritable pour la comptabilité et la gestion, une fois son diplôme en poche elle s’enfuit au cours Florent pendant trois ans et crée une entreprise d’événementiel. En 2005, elle publie son premier roman, Thornytorynx aux éditions Belfond et tourne deux longs métrages, The Cutting Room Floor (Richard Roenpack) et Casting (Stéphane Robelin). En 2006, elle s’envole pour Londres et publie Nous sommes cruels aux éditions Stock.
Aujourd’hui, elle vit à Paris et publie son troisième roman Nous vieillirons ensemble (Stock, févier 2008).
Aujourd’hui, elle vit à Paris et publie son troisième roman Nous vieillirons ensemble (Stock, févier 2008).
Extraits:
"Stanislas à Camille
Casier n°428
Dire Je t'Aime n'est pas une chose facile quand on n'a jamais eu l'occasion de s'y exercer auparavant, à l'Amour s'entend. J'ai été très amoureux, une fois. J'avais six ans, je ne lui ai jamais adressé la parole. Aujourd' hui, je suis avec toi, et je me demande si nous nous sommes jamais parlé.J'ai voulu te séduire,j'ai voulu t'embrasser, tu as répondu à mes baisers,j'étais le plus heureux des hommes. Tu m'as fait comprendre que je ne devais pas l'être. Et tu nous as perdus dans cette contradiction. Un jour oui, l'autre non. Tu parles de 'piment', de 'légèreté', tu parles avec les mains, tu fais des grands gestes, tu danses pour moi, tu te maquilles, tu te blottis dans mes bras et tu t'envoles. Tu me mens. Tu souris parce que je suis trop sérieux. Tu as raison, je suis sérieusement épris. William est beau, tu tords tes lèvres pour lui aussi. Je t'ai vue glisser un mot dans son casier. Je ne t'espionne pas, je me rends à l'évidence. Fais très attention, Camille, c'est lui ou c'est moi.
Du cours d'anglais, ce 12 novembre 19** "
Casier n°428
Dire Je t'Aime n'est pas une chose facile quand on n'a jamais eu l'occasion de s'y exercer auparavant, à l'Amour s'entend. J'ai été très amoureux, une fois. J'avais six ans, je ne lui ai jamais adressé la parole. Aujourd' hui, je suis avec toi, et je me demande si nous nous sommes jamais parlé.J'ai voulu te séduire,j'ai voulu t'embrasser, tu as répondu à mes baisers,j'étais le plus heureux des hommes. Tu m'as fait comprendre que je ne devais pas l'être. Et tu nous as perdus dans cette contradiction. Un jour oui, l'autre non. Tu parles de 'piment', de 'légèreté', tu parles avec les mains, tu fais des grands gestes, tu danses pour moi, tu te maquilles, tu te blottis dans mes bras et tu t'envoles. Tu me mens. Tu souris parce que je suis trop sérieux. Tu as raison, je suis sérieusement épris. William est beau, tu tords tes lèvres pour lui aussi. Je t'ai vue glisser un mot dans son casier. Je ne t'espionne pas, je me rends à l'évidence. Fais très attention, Camille, c'est lui ou c'est moi.
Du cours d'anglais, ce 12 novembre 19** "
"Camille à Julien
A Paris
Seriez-vous amoureux, Vicomte ? Si j'en juge par votre prose empo(r)tée et par la série de messages incompréhensibles que vous m'avez laissés hier sur mon pauvre portable, qui ne vous a rien fait soit dit en passant, vous déraisonnez. Je crains que, dans votre folie, vous n'ayez répondu à Diane quelque chose qui ait véritablement gâché nos plans. Car ne vous en déplaise, son mail correspondait parfaitement à mes attentes, et je n'aurais pas choisi de meilleurs mots si j'avais voulu vous dire à quel point j'étais une femme blessée ne faites donc pas l'enfant, et tâchez de mieux lire entre les lignes. Vous qui avez eu le génie de nous mettre en compétition, et de lui faire comprendre que tout ce qui se passait entre vous n'avait pas de secret pour moi. Ne sentez-vous pas la rage poindre lorsqu'elle parle de votre ' chère Camille' ? Aujourd' hui, c'est vous qui me répondez plus au téléphone, je ne sais vraiment pas pourquoi vous avez pris la chose avec tant d'anxiété. Malgré tout le zèle que vous mettez à me faire croire le contraire, je sais que vous avez déjà commis l'irréparable, et que vous avez envoyé mes 'sublimes instructions' par-dessus les moulins. Si vous aviez été plus patient, la petite vous mangerait dans la main à l'heure qu'il est. Je suis navrée de pré-constater qu'une fois de plus vous n'en faites qu'à votre tête. Appelez-moi, si le coeur vous en dit, qu'au moins je sache vos bêtises.
Adieu, mon très cher Julien ; adieu, mon ami amoureux.
De Paris, ce 29 octobre 19** "
A Paris
Seriez-vous amoureux, Vicomte ? Si j'en juge par votre prose empo(r)tée et par la série de messages incompréhensibles que vous m'avez laissés hier sur mon pauvre portable, qui ne vous a rien fait soit dit en passant, vous déraisonnez. Je crains que, dans votre folie, vous n'ayez répondu à Diane quelque chose qui ait véritablement gâché nos plans. Car ne vous en déplaise, son mail correspondait parfaitement à mes attentes, et je n'aurais pas choisi de meilleurs mots si j'avais voulu vous dire à quel point j'étais une femme blessée ne faites donc pas l'enfant, et tâchez de mieux lire entre les lignes. Vous qui avez eu le génie de nous mettre en compétition, et de lui faire comprendre que tout ce qui se passait entre vous n'avait pas de secret pour moi. Ne sentez-vous pas la rage poindre lorsqu'elle parle de votre ' chère Camille' ? Aujourd' hui, c'est vous qui me répondez plus au téléphone, je ne sais vraiment pas pourquoi vous avez pris la chose avec tant d'anxiété. Malgré tout le zèle que vous mettez à me faire croire le contraire, je sais que vous avez déjà commis l'irréparable, et que vous avez envoyé mes 'sublimes instructions' par-dessus les moulins. Si vous aviez été plus patient, la petite vous mangerait dans la main à l'heure qu'il est. Je suis navrée de pré-constater qu'une fois de plus vous n'en faites qu'à votre tête. Appelez-moi, si le coeur vous en dit, qu'au moins je sache vos bêtises.
Adieu, mon très cher Julien ; adieu, mon ami amoureux.
De Paris, ce 29 octobre 19** "
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